Wilton (Willie) Littlechild, ex-député progressiste-conservateur ayant représenté à la Chambre des communes la circonscription de Wetaskiwin en Alberta, a reçu le Prix de reconnaissance pour services exceptionnels de l’Association canadienne de ex-parlementaires lors d’une cérémonie à Ottawa le 5 juin 2006, en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle de promouvoir et mieux faire comprendre le système parlementaire du Canada.
Willie Littlechild a obtenu un diplôme en droit de l’Université de l’Alberta en 1976. Il a été le premier Indien visé par un traité en Alberta à obtenir un tel diplôme et le premier à être élu au Parlement du Canada. Il a également complété un baccalauréat en éducation physique en 1967 et, en 1975, une maîtrise dans cette même discipline. Dans tous ces projets, M. Littlechild vise l’excellence. En tant qu’athlète, il a remporté plus de 47 championnats à l’échelle provinciale, régionale, nationale et internationale. Pour ses efforts d’entraîneur et d’organisateur d’événements sportifs, il a remporté le prix Paul Harris Fellowship en 1988 des Clubs Rotary du Canada et son nom figure sur six (6) murs de la renommée. Il a été un des fondateurs des Jeux indigènes de l’Amérique du Nord et il s’occupe actuellement des Jeux mondiaux des nations indigènes.
À titre de parlementaire de 1988 à 1993, M. Littlechild a siégé au sein de plusieurs comités de la Chambre des communes, et il a été délégué parlementaire aux Nations Unies. À l’échelle internationale, il a organisé une coalition de Nations indigènes qui ont demandé et obtenu un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies; récemment, il a été nommé de nouveau au Forum permanent des peuples autochtones aux Nations Unies par le président du Conseil économique et social. Il a reçu l’Ordre du Canada en 1999 et un lauréat en sport de la Fête d’Excellence en 1999-2000, à Genève, en Suisse. Il a reçu le titre de conseil de la reine et conseil des peuples autochtones par la profession juridique. Parmi ses récentes récompenses internationales, on compte une Médaille d’honneur américaine et une Médaille d’honneur internationale de droit et de sports en 2003, et en 2004 il a été intronisé dans l’Ordre des ambassadeurs internationaux et comme un des 2 000 plus grands intellectuels du 21e siècle.
Mot de remerciement
Messieurs les Présidents, honorables sénateurs, chers députés, mesdames et messieurs, je vous salue au nom de la Nation des Cris de Maskwacîs, qui est située près de Wetaskiwin, sur le territoire du Traité no 6.
Ceux d’entre vous qui se consacrent à la vie publique savent à quel point nos familles se sacrifient pour nous aider à servir notre pays. Cet honneur revient donc véritablement à ma femme et à nos trois enfants: Teddi, Neil et Megan. Sans leur appui et celui de la Nation des Cris de Maskwacîs, je ne serais pas là. J’accepte cette reconnaissance en leur nom et la dédie à mes cinq petits-enfants: Shaynna, Cleveland, Summer, Keeshon et Nea. Je la dédis également à l’esprit de mes grands-parents et de mes parents, dont l’influence positive m’a guidé dans mes choix de vie.
C’est empreint d’émotions partagées que je me présente à vous ce matin. Je tiens donc à dédier également ce prix à mon frère adoptif, Roy, dont les funérailles se déroulent également aujourd’hui, et à tous ceux à qui nous rendons hommage après leur décès pour leurs services.
Tout revient à la famille, n’est-ce pas? Mes sœurs me rappellent les trois conseils que mes parents nous donnaient: levez-vous! allez à l’école! allez travailler! Nos grands-parents nous ont enseigné qu’il fallait toujours travailler et revenir à sa collectivité. Mon grand-père, le chef Dan Minde, qui a été chef pendant 33 ans, nous disait toujours: «Tu recevras ta communauté dans un certain état. Pendant qu’elle est entre tes mains, fais tout ce que peux pour l’améliorer, puis remet-là fièrement à tes enfants, à l’avenir.»
Un ancien premier ministre a tendu la main à l’un de mes oncles adoptifs, l’aîné O’Cheise, à une période difficile de notre pays. Il lui a proposé une solution en cri: «upintook», ce qui signifie «s’élever l’un l’autre». Malheureusement, a-t-il dit: «nous nous rabaissons trop souvent, nous nous battons trop souvent. Il est dorénavant temps de nous relever mutuellement et à partir d’aujourd’hui, de nous soutenir.»
En rétrospective, je dirais que ce sont, avec l’esprit de victoire sportif des Golden Bears, les grands principes qui ont guidé ma carrière parlementaire. Je me disais alors et je me dis encore aujourd’hui à quel point c’est un honneur immense de siéger à la Chambre des communes comme député et d’avoir la chance de bâtir à partir des grandes forces de notre terre. Je remercie les électeurs de Wetaskiwin ainsi que mon ancien personnel et mes anciens collègues des deux chambres du Parlement de m’avoir permis de vivre cette expérience très mémorable et historique. Pendant 30 ans, j’ai également eu l’honneur de travailler au «Mamao Atoskay Kamik», qui est le nom cri des Nations Unies. Ce nom signifie «l’endroit où les gens travaillent ensemble».
Je m’en voudrais de ne pas saisir cette occasion pour exhorter ce gouvernement et les deux chambres du Parlement à tenir compte de trois recommandations importantes des Nations Unies: premièrement, de ratifier la Convention no 169 de l’OIT; deuxièmement, d’envisager l’ex-projet de loi S-16 de la dernière législature comme solution; troisièmement, d’adopter, sur la recommandation du Forum permanent des peuples autochtones des Nations Unies, sans modification, le Projet de déclaration sur les droits des peuples autochtones de l’Assemblée générale des Nations Unies pendant sa 61e session, cette année. Ce serait un accomplissement de premier ordre pour la deuxième décennie. Tout le monde en bénéficierait. Il s’agit d’un cadre de partenariat, d’action et de dignité. Il s’apparente aux traités en ce sens qu’il s’agit d’une déclaration assortie de normes internationales minimales, qui jette les assises de partenariats. C’est une solution équilibrée qui nous incite à nous respecter les uns les autres et du même coup, qui nous offre la possibilité d’améliorer nos relations entre peuples pour nous élever les uns les autres.
Pendant que je participais à la prière du déjeuner, jeudi dernier, je me suis rappelé d’une question qu’on m’a posée après mon mandat: quelle est la chose qui vous a impressionné le plus au Parlement? J’ai répondu que nous priions. Chaque jour, avant que la séance ne commence à huis clos, nous nous levons tous pour réciter une prière d’accompagnement et d’action de grâce. Ma grand-mère en aurait été fière.
En conclusion, puisse le grand esprit ou quiconque vous considérez comme votre créateur vous bénir.